Amitié naissante

Elengmar, qui chevauchait depuis quelques temps déjà aux côtés de l'ambassadeur sans jamais lui avoir parlé, sourit:
"Je n'ai pas pour habitude d'être accompagné où que j'aille, mais il fallait marquer le coup. Je n'ai pas l'habitude d'être accoutré ainsi non-plus, dit-il, tirant négligemment sur sa robe bodée. Quel imbéciles, ces hommes, lâcha-t-il soudain, en même temps que son vêtement! Et surtout, quel imbécile, ce Caelir! Ne se rend-il pas compte de ses actes, pour être ainsi insolent envers un Seigneur?" Il s'arrêta un instant, puis: " Si je ne me trompe pas, votre Seigneur et mon père sont alliés, par le biais de Falindor, n'est-ce pas?"

Elengmar se retourna négligemment vers Caelir, et, d'un coup, sa botte partit, atteignant le visage du diplomate, qui tomba à terre en gémissant.
" Voilà le prix de votre insolence, Elfe! Elfe... Pfff. Vous n'en méritez même pas le nom. Comment avez-vous dit que vous vous appeliez, ambassadeur?", demanda-t-il à l'homme, reprenant son chemin à ses côtés.

Entendant ces mots, Elengmar se retourna, envoya cette fois son poing dans la machoire de l'ambassadeur, l'attrapa, le bayonna, et, après l'avoir solidement attaché, saisit son cheval par la bride, et le lança dessus. Puis il descendit un instant de sa monture, afin d'être à hauteur de celle de Caelin, et lui murmura quelques mots à l'oreille. Le cheval partit alors au galop dans la direction opposée à celle que prenaient les deux ambassadeurs, et Elengmar, le regard sombre, remonta en selle, et dit: "Bien, ami Dorthas. Nous pouvons continuer, je crois qu'il ne nous importunera plus".

Elengmar sourit:
" Et bien, il se trouve qu'à Haral Mh'Idan, beaucoup de nous naissent avec cette... faculté. Nous ressentons les animaux, et pouvons leur demander certaines choses, leur en faire ressentir d'autres, et ceci au moyen de nos sens: certains transmettent ce message par le toucher, ou par la vue, comme ma mère, moi, la parole me permet de leur exprimer ce que je veux leur dire... En réalité, nous ne parlons pas, nous communiquons. J'ai peur, dit-il après un instant, que ce soit difficile d'expliquer ce phénomène avec des mots humains".

Mergalian a écrit:

Elengmar sourit:
" Et bien, il se trouve qu'à Haral Mh'Idan, beaucoup de nous naissent avec cette... faculté. Nous ressentons les animaux, et pouvons leur demander certaines choses, leur en faire ressentir d'autres, et ceci au moyen de nos sens: certains transmettent ce message par le toucher, ou par la vue, comme ma mère, moi, la parole me permet de leur exprimer ce que je veux leur dire... En réalité, nous ne parlons pas, nous communiquons. J'ai peur, dit-il après un instant, que ce soit difficile d'expliquer ce phénomène avec des mots humains".

Heu... t'avance pas trop quand même la...
Si c'est que de la parlotte pour impressionner, ok, sinon, NON

"Alors, que diriez-vous de le rechercher ensemble? Nous pourrions rassembler les plus grands artistes de nos royaumes, pour enfin créer une oeuvre magistrale, qui retracerait la grandeur passée, et affirmerait celle présente des peuples de la Terre de Milieu? Et, qui sait, peut-être même les orques se joindraient-ils à nous dans cette tâche: même une créature aussi dénuée d'intelligence et d'esprit peut être sensible à l'art. Qui sait si parmi ces créatures ne sa cachent d'ailleurs pas quelques artistes, disséminés çà et là, et dont la conscience s'éveileerait à la vue ou à l'idée d'une telle oeuvre?"
Elengmar s'était presque emporté lors de cette dernière phrase: rien que le fait dénoncer ce projet le faisait frémir, et il était évident que son père cachait mieux ses sentiments que lui.

Dorthas fût étonné par cette proposition. Bien sûr, elle était belle et pleine d'espoir, mais elle serait extrêment dur à réaliser.

"C'est interressant, et noble, mais je peut vous assurer que les Orques sont dénués de tout sentiment autre que la peur, la crainte et la haine...Moi-même j'en ai observé, des prisonniers (oui, selon les lois qui ont été énoncées dans l'antiquité, toute personne souhaitant se rendre, Orque ou pas, à le droit à la vie -malgré tout cette loi est parfois difficile à tenir...-), et ils ne sont que des êtres des ténèbres remplis de violence, et leur seul art est celui du sang. Mais ce sera à discuter...."

Il leva les yeux au ciel. Il devait être 19 heures. Il se faisait tard.

"-Que pensez-vous de nous rendre dans une auberge?
Golasgul?

-Oui?

-Quel est la ville ou le village le plus proche?"

Le valet sorti une carte de l'amas d'objets sur le dos du mulet à sa droite et longea la route qu'ils avaient pris jusqu'à arriver à l'endroit où ils étaient présentement, en se repérant par rapport à une colline. Puis il vint à la ville la plus proche.

"-Thalion, juste avant Tharbad sur notre route.

-Qu'en pensez-vous?"

Elengmar hocha la tête en signe d'assentiment. La petite troupe marcha un temps encore sur la route, jusqu'à arriver dans le village. Tous entrèrent alors dans une auberge, tandis que deux des Elfes qui escortaient Elengmar se postaient de chaque côté de la porte, en sentinelles.
Le jeune Elfe se présenta à l'aubergiste, qui, manifestement, n'e croyait pas ses yeux, et annonça:
"Paix sur toi et les tiens, homme. Nous souhaiterions 11 chambres, et les meilleures. Ainsi qu'une salle de bain, ajouta-t-il, jetant un regard de dégout à ses vêtements sales et déchirés; et je voudrais assez à manger pour tout le monde ici présent." Sur ce, il lança sur le comptoire de l'auberge une petite bourse bordeau, qui s'ouvrit sous le choc, laissant entrevoir plusieurs piécettes d'argent. Ce geste parut faire sortir l'aubergiste de sa rêverie, et il s'en alla vers les cuisines en marmonnant:
"Des Elfes, sacré nom d'un Anneau, des Elfes!! Si on m'avait dit, il y a dix ans, que je servirais des Elfes dans mon auberge, j'aurais ris au nez du farceur!..."
Quelques minutes plus tard, Tous les membres de la troupe se trouvaient attablés sur des tabourets grossiers, face à des gamelles de ragoût posées sur de longues tables rectangulaires. Elengmar, qui mangeait face à Dorthas, lui parlait:
"Et alors les Orques sont arrivés et ont voulu me sauter dessus. Je crois que jamais je n'ai couru aussi vite de ma vie!" Et sur ces mots, il éclata de rire. Puis, reprenant son sérieux:
"Et vous, Seigneur, se passe-t-il des évènements intéressants en vos contrées?"
Tout le monde, dans le groupe, parlait et riait, et plus rien ne semblait montrer qu'ils se rappelaient de l'incident de tout à l'heure.

Cette taverne, Dorthas la connaissait. Il y passait souvent, et par conséquent, connaissait bien le tavernier. Il alla le voir et lui dit quelque chose que les Elfes n'entendirent pas. Après quoi il les rejoignit à leur table et leur annonça :

"Vous allez voir! Caupo va nous amener une des spécialités de la région. C'est l'une des meilleures de tout l'Eriador, et elle se trouve ici!"

Peu de temps après, l'aubergiste ramena un énorme platqu'il posa sur la table, au milieu des Elfes intrigués.
Il souleva le couvercle et tout le monde pû aperçevoir une gigantesque pièce de boeuf.

Elle était assaisonné d'épices vertes, jaunes, rouges, noires, et même mauves. Il y avait du persil, du romarin, du cumin, du paprika, de l'ail placé à l'intérieur, de l'échalotte et plein d'autres plantes.

Autour se trouvait des pommes de terres grillées et des oeufs durs coupés en quatres. Il y avait aussi des haricots verts, des poivrons, des tomates et des courgettes remplies de farces et du bouillon remplissait les espaces libres entres chaques aliments.

Le tout dégageait une exquise odeur, mélange d'aliments, de cuissons et de régions, et remplissait les narines des clients d'une envie subite de goûter au plat.

L'aubergiste annonca :

"-Boeuf à la Caupo, spécialité du chef. N'hésitez pas à en reprendre, ce plat est spécial : vous pouvez en manger plus que votre poids total, il continuera à vous nourrir pendant plusieurs jours. Héritage des Elfes (il fit un clin d'oeil).

-Allons-y, dit Golasgul en se léchant les lèvres bruyament, je suis impatient de manger!"

Elengmar rit doucement:
" Et bien, Golasgul, on dirait que vous n'avez pas mangé depuis deux semaines! Ce doit être l'effet "rations militaires"!
Puis, se retournant vers Dorthas:
" Au fait, Seigneur, peut-être paraissais-je tellement joyeux tout à l'heure en parlant d'Orques et d'Art que cela vous a fait croire que je plaisantais, et, en ce cas, j'en suis désolé, car sachez que je suis bien sérieux. Cette idée me court dans la tête depuis longtemps déjà, et peu la connaissent: ceux à qui je l'expose me croient fous. Et bien quoi, ne me regardez pas comme ça: même chez les Elfes, l'intolérance existe. Tout juste est-elle moins développée que chez vous car nous sommes, pour la plupart, tolérants par nature, et notre imminente disparition nous fait accepter plus de choses encore, que ce soit des conceptes, des créatures ou des modes de vie. Je voudrais créer une grande oeuvre d'Art, énorme, colossale, regrouppant les talents de toutes les créatures en étant doté en Terre du Milieu. Y compris les Orques, car je suis persuadé que quelque-uns parmis eux sont capable de comprendre et de transmettre leur connaissance de l'Art, et alors, pourquoi n'existerait-il pas d'artistes parmis eux? Non, ne dites rien: j'ai vécu il y a quelques temps quelque chose qui me permet d'appuyer mes dires, et qui d'ailleurs en est à l'origine. Laissez-moi vous le raconter...
- Seigneur Elengmar? Une missive pour vous, dit un Elfe de la troupe, en la lui tendant."
Le jeune Seigneur, visiblement mécontent d'avoir été ainsi interrompu, décacheta en vitesse la lettre dont le sceau n'était pas inconnu à Dorthas, et la lut. Lorsqu'il eut fini, il garda le silence un moment, les yeux dans le vague, puis lança à la cantonnade quelques mots dans sa langue natale. Tous les Elfes alors se levèrent de table, tandis qu'Elengmar, lui-même déjà debout, revettait son manteau de voyage.
" Nous allons devoir écourter notre séjour, dit-il doucement, tout en déposant sur la table quelques pièces de cuivre, des devoirs importants me rappellent, ainsi que mes soldats, à Haral Mh'Idan. J'espère que nous nous reverrons pour parler de tout cela. Puisse la route vous être favorable, et la Déesse-Lune vous accompagner toujours."
Et sur ces mots, il quitta la salle, adressant au passage un rapide salut de la tête aux deux officiers humains qui accompagnaient Dorthas, suivi par tous ses soldats. Au bout de quelques minutes retentirent le flot des sabots dénudés de fer sur le sol poussiéreux, qui diminuèrent peu à peu, pour finalement disparaître.

"Ah...et bien...au revoir. Et repassez-me voir, à Cair Andros!"

*Des affaires urgentes...il se passe quelque chose...Va falloir que je me renseigne.*

Les Elfes partirent. Dorthas vit Elengmar faire un signe de tête à deux hommes dans le fond, encapuchonnés.
Ils se rapprochèrent de Dorthas. Un troisème donna de l'argent à Caupo.

Le coeur du Gondorien battait fort, et s'accélérait encore plus vite. Les mains de l'autre homme so refermèrent sur son épaule.

"-Dorthas? Nous sommes de Cair Andros. Il y a la guerre dans la région. Orthanc a lancé une offensive. Nous avons ordre de vous ramener sain et sauf.

-Et...et les Elfes?

-Ils se débrouilleront. Suivez-nous."